« Communistes, aux armes ! » : les unités à destination spéciale (TchON) au sortir de la guerre civile en Ukraine (1920-1924)

À partir des archives ukrainiennes, l’article étudie les Unités à destination spéciale (Tchasti osobogo naznatcheniya, TchON, 1919-1924) qui sont des détachements armés composés de militants communistes. Pour répondre aux périls de la guerre civile, le pouvoir bolchevique crée différents types de formations armées, qui se distinguent par leur mission spécifique (protection, contrôle, répression...) et leur institution de rattachement (armée, police politique, Parti). Bien que dépendant de l’institution centrale du nouveau régime, le Parti communiste, les TchON ont du mal à se faire une place. En effet, les responsables communistes les plus portés sur la chose militaire ou policière sont déjà absorbés par l’Armée rouge ou la Tchéka. De plus, le caractère non permanent de ces forces supplétives nuit à leur pérennité et à leur visibilité. Dotés d’un cadre permanent pour répondre à ce problème, les TchON perdent largement alors leur originalité opérationnelle de milice de parti. Elle la préserve par contre sur le plan symbolique : être un « communard » des unités à destination spéciale, c’est faire partie intégrante de la communauté du pouvoir. À cheval sur deux périodes, celle des combats et celle de l’ « édification pacifique », ces formations appartiennent à la fois au champ militaire et au champ politique et constituent un observatoire privilégié du rapport entretenu par le PC et ses militants tant avec la violence qu’avec le pouvoir.

Based upon Ukrainian archives, the article examines the Special Purpose Units (Chasti osobogo naznacheniya, CHON, 1919-1924), which are armed detachments composed of communist activists. To counteract the perils of the Civil War, the Bolshevik power creates different types of armed units, which differs by their specific mission (protection, control, repression...) and their institutional affiliation (army, secret police, Party). Although they were set up by the Communist Party, the central institution of the new regime, the Chon should struggle to get a place. Many communist leaders who were keen on military or police activity were already absorbed by the Red Army or the Cheka. In addition, the non-permanent nature of these auxiliary forces affects their durability and visibility. With the set up of a permanent high staff to address this problem, Chon lose much of their original operational character of party militia. But they preserve their symbolic importance: being a "communard", e.g. a member of Special purpose units, is being a member of the community in power. Straddling two periods, the Civil war and the "peaceful construction", these units belong to both the military field and to the political field and give an insight of the relationships of the CP and its activists with the questions of violence and power.

A partir de los archivos ucranianos, este artículo analiza las Unidades especiales (Tchasti osobogo naznatcheniya, TchON, 1919-1924), unos destacamentos armados compuestos por militantes comunistas. Para enfrentarse con sus enemigos durante la guerra civil, el poder bolchevique crea diferentes categorías de unidades armadas, que se caracterizan por su misión específica (protección, control, represión...) y las instituciones a las que pertenecen (ejército, policía política, Partido). Aunque dependen de la institución central del nuevo régimen, el Partido Comunista, las TchON no consiguen imponerse del todo. Efectivamente, los responsables comunistas más comprometidos con el aparato militar o policial ya han sido integrados en el Ejército Rojo o la Tchéka. Además, el carácter provisional de esas fuerzas perjudica su visibilidad, aunque el hecho de pertenecer a estas unidades implica formar parte de la comunidad del poder. Al estar a caballo entre dos periodos, la de los combates y la de la “edificación pacífica”, estas formaciones pertenecen al mundo tanto militar como político y constituyen un observatorio privilegiado para estudiar el tipo de relación que mantienen el PC y sus militantes con la violencia y el poder.